Cet article est consacré au phénomène lumineux que l’on peut observer dans les régions proches des pôles magnétiques. Après avoir défini le phénomène, nous aborderons les notions de Champ Magnétique Interplanétaire (CMI) et d’indice Kp. Nous nous attacherons ensuite à la préparation de l’observation et comment les photographier ? Les photographies présentées sont signées de Nicolas Orillard-Demaire qui dans la conclusion de cet article dispensera ses conseils.
© Nicolas Orillard-Demaire
En raison de sa position géographique, l’Islande est l’un des meilleurs endroits pour les observer. Cependant, les conditions météorologiques rendent difficile la photographie de ce phénomène. Beaucoup de gens pensent qu’il suffit de se rendre en Islande ou en Scandinavie pour les observer, malheureusement ce n’est pas toujours le cas. Dans la suite de cette article vous allez comprendre quand et ou regarder pour les observer.
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Qu’est ce qu’une aurore boréale et quand se produit-elle ?
Elles sont provoquées par l’interaction entre les particules chargées du vent solaire et la haute atmosphère. L’activité aurorale est mesurée selon l’indice Kp. L’indice Kp est un indicateur global de l’activité géomagnétique. Il varie entre 0 et 9, 1 étant calme et 5 ou plus indiquant un orage magnétique.
L’indice Kp
L’indice Kp est une abréviation de K-index planétaire, la lettre K provient du mot allemand Kennziffer qui signifie référence et la lettre p provient du mot planetarische pour planétaire.
Kp = 5 Tempête magnétique mineure tempête situées à 55-60° de latitude.
Kp = 6 Tempête modérée, aurores polaires situées à 50° ou moins de latitude.
Kp = 7 Tempête forte, aurores situées à 30 ou 40° de latitude, instabilité électrique dans les usines.
Kp = 8 Tempête très forte, tension électrique très instable.
Kp = 9 Tempête extrême et très rare, réseau électrique coupé ou saccadé
Le site Service Aurora fournit des informations en temps réel sur l’activité géomagnétique, les données proviennent de la NASA : http://www.aurora-service.eu/
Vous pouvez observer le niveau d’activité et consulter les prévisions par jour. Dans cette copie d’écran, la jauge Kp indique le niveau 4.
Le site SpaceWeatherLive.com fournit également des informations en temps réel sur l’activité solaire : http://www.spaceweatherlive.com/fr/activite-solaire.
Vous pouvez également consulter le site du National Weather Service dédié aux prévisions météo, le Space Weather Prediction Center http://www.swpc.noaa.gov/.
Cette image est une estimation de la position actuelle de l’oval auroral, calculé à partir des données de la sonde ACE (modèle OVATION). La zone verte indique la zone où se trouvent les aurores, la ligne rouge indique la limite sud de visibilité de l’aurore. L’aurore est donc théoriquement visible au nord de la ligne rouge.
La valeur de l’indice Kp est affecté par le Champ Magnétique Interplanétaire (CMI).
Le Champ Magnétique Interplanétaire (CMI)
Le Champ Magnétique Interplanétaire (CMI) est le champ magnétique du Soleil porté par le vent solaire à travers les planètes et autres corps du Système solaire. Plusieurs phénomènes peuvent influencer le CMI, dont les éjections de masse coronale interplanétaires (ICME), le milieu interstellaire ou l’effet de Cranfill. Source Wikipédia.
Plusieurs planètes du Système solaire possèdent un champ magnétique plus ou moins intense. L’interaction entre ce dernier et le CMI engendre différents phénomènes physiques. Ainsi, la magnétosphère terrestre dévie le vent solaire. La rencontre entre le CMI et le champ magnétique de la Terre se fait plus précisément à la magnétopause. Le CMI peut ainsi être dévier ou annuler partiellement le champ magnétique de la Terre.
Le champ magnétique a une orientation sud ou nord et identifié par les termes Bz et Bt. Le Bz négatif ouvre des portes d’entrée à travers lesquelles l’énergie du vent solaire peut pénétrer. Le Bz positif a un effet contraire et rend à la magnétosphère son rôle de bouclier.
Si le Bz est positif, les aurores boréales vont se concentrer dans les régions des hautes latitudes (dans l’extrême nord). Si le Bz le négatif, elles pourront être observées dans des régions de moyenne et basse latitudes. L’indice Bz peut fluctuer en quelques minutes.
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Préparez-vous à être déçu
Toutes les données que vous pourrez collecter sur les sites que nous venons de voir ne vous garantiront pas une observation à coup sûr du phénomène. Il y a une grande part de chance et la pire chose qui puisse arriver est de ne rien observer. Le niveau de préparation et le lieu que vous choisirez seront déterminants dans le succès de l’opération.
Le massif du Landmannalaugar en Islande est l’un des meilleurs endroits pour observer le phénomène. Il est située dans la région qui se trouve près du volcan Hekla dans le sud de l’île.
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La patience est la clé du succès
Cela va s’en dire mais il est quand même utile de le rappeler. Pendant la saison des aurores dans les hautes latitudes, il peut faire très froid, mais si vous êtes patient, vous serez récompensé.
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Les Aurores boréales apparaissent et disparaissent très vite
Elles peuvent apparaitre et disparaitre très vite, alors armez-vous de patience. Elles apparaissent aussitôt la tombée de la nuit. En général, elles sont très actives peu avant minuit. Les périodes les plus propices sont septembre et octobre, février et mars.
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Se préparer à l’observation
Vous devez être installé dans un abri ou vous pouvez passer la nuit. Une fois que vous êtes installé, vous aurez ainsi toute liberté d’aller et venir.
Préparez votre équipement : vêtements chauds, lampe de poche ou lumière frontale, carte routière et une boussole qui indique le nord magnétique.
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La météo
La météo est le principal ennemi des chasseurs d’aurores boréales. Vous devrez faire face à 4 adversaires :
– Les nuages, l’adversaire le plus coriace. Un ciel nuageux réduira à néant vos espoirs.
– La pollution lumineuse, un conseil éloignez-vous des centres urbains.
– La pleine lune, vous devez vous informer des périodes de pleine lune afin de les éviter. Vous devez également vous méfier des levées de lune.
– Le vent, un autre adversaire à considérer avec attention.
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Choisissez bien le paysage
Photographier une aurore boréale c’est bien mais la photographie sera sans intérêt si vous n’avez pas un premier plan qui vaut le coup. Un conseil repérez de jour les endroits qui offrent le meilleur point de vue.
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Les réglages de l’appareil
Vous devez avoir un appareil photo fixé sur un trépied robuste capable de résister à des vents forts. Le temps de pose doit être fixé à un minimum de 10 secondes, la sensibilité doit être comprise entre 800 et 1600 ISO, l’ouverture doit être la plus grande possible et la mise au point sur l’infini.
Dans tous les cas entrainez-vous pour sélectionner les réglages les plus adéquates.
Les conseils de Nicolas Orillard-Demaire, photographe professionnel
« Les aurores boréales sont un phénomène complexe et difficile à approcher. Le photographier demande patience et préparation. On peut « facilement » prendre une photo d’aurore dans le ciel, il est cependant moins aisé de créer une image complète avec un paysage et des premiers plans intéressants.
Cela nécessite un repérage en journée. La visualisation de vos spots nocturne ainsi que leurs accès aux heures sombres vous donnerons un avantage certains lorsque le temps d’action sera réduit.
Lors de vos repérages, pensez lumière intense de nuit, réflexions et surfaces claires.
Toute surface réfléchissante vous évitera une photo déséquilibrée en terme d’exposition et apportera sans aucun doute un plus à votre composition globale.
Techniquement parlant, n’ayez pas peur de monter les ISOs ! Suivant la luminosité et la puissance de l’aurore, il vous faudra les ajuster. Votre ouverture doit presque aller aux limites de votre objectif, préférez cependant si possible un ou deux stop au dessus.
La mise au point de nuit sera votre pire ennemie. Les écrans et zooms numériques vous aideront dans votre quête de netteté…
Gardez en tête qu’après 20 secondes de pose, le mouvements des étoiles ( enfin la rotation de la Terre , mais c’est un autre sujet ! ) apparaitra sur votre capteur. Si les stars trails peuvent être souhaités, il vaut parfois mieux laisser la priorité à l’aurore, plus rare .
Ces temps de pose sous-entendent évidemment l’utilisation d’un trépied.
Le temps d’apparition du phénomène peut varier considérablement allant de quelques minutes à plusieurs heures. Si l’on peut théoriquement observer des aurores toute l’année, leur observation intensive se concentre pendant l’hiver. Ne sous estimez pas le froid qui vous gâchera vos séances photos si vous n’êtes pas correctement protégé !
Enfin, ne passez pas votre temps derrière votre appareil, profitez de l’instant, de la magie de ce phénomène céleste. Vos photographies ne pourront jamais retranscrire ce que vous aurez vu… »
– Nicolas Orillard-Demaire
Site personnel : http://www.nod-photography.com/
Profil Facebook : https://www.facebook.com/NOD-Photography-214582341947495/
Profil Twitter : https://twitter.com/nicolasorillard
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