La galerie Huis Marseille à Amsterdam accueille une grande rétrospective de la photographe américaine Deborah Turbeville. L’exposition présente plusieurs collages d’époque, des œuvres uniques, dont certaines n’ont jamais été exposées auparavant.
Les clichés réalisés par Turbeville peuvent être considérés comme avant-gardistes, ils ont donné un nouvel élan à la photographie des années soixante-dix et quatre-vingt, notamment dans le monde de la mode.
L’exposition, intitulée Photocollage, regroupe quelques-unes des séries les plus importantes, dont Bathhouse (1975), École des Beaux-Arts (1977), Unseen Versailles (1982) et Studio St. Pétersbourg (1995-96).
Au début des années 70, la photographe avait un style reconnaissable : avec des teintes sépia, elle colorait ses images en noir et blanc ; elle a utilisé la surexposition et la mise au point douce.
Ces techniques ont clairement défini son style, comme d’ailleurs l’utilisation de mystérieuses figures féminines insérées dans les espaces publics et à l’intérieur de bâtiments majestueux, ou errant dans des paysages hivernaux désolés.
Ses photographies évoquent un monde onirique dans le cadre d’une époque révolue.
Turbeville utilise des modèles avec des visages qui racontent l’histoire du monde intérieur. Elle les dépeint comme s’ils étaient perdus dans leurs pensées, et l’une de ses célèbres déclarations le dit explicitement : «Je vais dans le monde intérieur d’une femme, où on ne va jamais».
Son style se définit également grâce à ses multiples expériences dans la chambre noire, où la photographe déchire, gratte, brûle ou colle : «Je détruis l’image après l’avoir réalisée», une déclaration de l’artiste qui raconte le point d’appui de son travail.
Le résultat est une collection époustouflante d’œuvres d’art manipulées, mises en pièces puis utilisées pour en créer de toutes nouvelles.
L’exposition présente de véritables impressions d’époque, illustrant cette matérialité exceptionnelle qui se manifeste dans les collages de Turbeville. Elle emploie des épingles en T pour fixer ses photos sur du papier kraft, et arrange des planches contact ainsi que des annotations pour élaborer un storyboard. Ce processus confère à ses œuvres l’allure d’un script de film.
Parmi les œuvres exposées, Bathhouse est l’une des plus célèbres. La photographie fait partie d’un éditorial de maillot de bain pris pour Vogue America et montre cinq modèles langoureusement appuyés contre les murs de la douche de la salle de bain. L’image suscite une controverse considérable car les femmes, selon certains lecteurs, ressemblent presque à des toxicomanes, mais la photographe objecte : «Mon seul problème était de mettre cinq filles sur une double page».
Qui était Deborah Turbeville ?
La carrière photographique de l’artiste américaine commence à quarante ans. En 1966, elle est admise au prestigieux atelier du photographe Richard Avedon et du directeur artistique Marvin Israel, qui l’encouragent à se tourner vers la photographie à plein temps. Dans les années soixante-dix, elle reçoit la tâche de photographier des campagnes publicitaires pour des marques de mode telles que Comme des Garçons, Guy Laroche, Charles Jourdan, Calvin Klein, Emanuel Ungaro, Romeo Gigli et Valentino et ses reportages sont publiés dans des magazines tels que Vogue, Harper’s Bazaar, New York Times Magazine et Vogue Italia.
Malgré son impact significatif sur l’industrie de la mode, elle a déclaré dans une interview avec The New Yorker en 2011 : « La mode se prend plus au sérieux que moi. Je ne suis pas vraiment une photographe de mode ».
Ses œuvres font partie des collections du Metropolitan Museum of Art, du Museum of Modern Art et du Whitney Museum of American Art de New York, du Los Angeles County Museum et du Getty Museum de Los Angeles, de l’Art Institute of Chicago, du National Portrait Gallery à Londres et le Centre George Pompidou à Paris.
Deborah Turbeville Photocollage | |
Où | Huis Marseille, Museum for Photography Keizersgracht 401 1016 EK Amsterdam |
Quand | Jusqu’au 16 juin 2024 |
Horaires | Tous les jours, de 10 h à 18 h Jeudi, de 10 h à 21 h |
Entrée | Plein tarif 12,50 euros – tarif réduit 6,5 euros |
Info | huismarseille.nl |
La photographe américaine défie toute classification. Elle n’appartient à aucune école ni à aucun mouvement. Sa signature visuelle unique est reconnaissable depuis son émergence en tant que talent majeur dans les années 1970. Ses images sont évocatrices, difficiles à dater au premier coup d’œil et semblent oniriques pour nos yeux du XXIe siècle. Turbeville se distingue de ses homologues masculins.
Intemporelle, évocatrice et d’une beauté obsédante : une monographie rétrospective d’une créatrice d’images véritablement novatrice, dont le regard féminin a transformé la photographie de mode.
Éditeur : Thames & Hudson
Langue : Anglais
Relié : 240 pages
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