Masha Ivashintsova (1942-2000) était une photographe russe remarquable dont l’histoire fascinante n’a été découverte qu’après sa mort. Voici les points essentiels à son sujet :
- Une artiste secrète : Elle a photographié constamment la vie à Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg) pendant l’ère soviétique, mais n’a jamais montré son travail de son vivant.
- Découverte posthume : En 2018, sa fille a découvert une collection impressionnante de plus de 30 000 négatifs dans le grenier de leur maison à Saint-Pétersbourg. Cette découverte extraordinaire a révélé au monde l’œuvre d’une artiste jusqu’alors inconnue.
- La « Vivian Maier russe » : Elle est souvent comparée à Vivian Maier, une autre photographe dont l’œuvre a été découverte après sa mort, en raison des similitudes dans leurs histoires et de la qualité de leur travail resté caché.
- Son héritage : Ses photographies documentent la vie quotidienne en Union soviétique, capturant des moments intimes et des scènes de rue qui offrent un aperçu unique de cette période historique. Son histoire personnelle était douloureuse, ce qui a peut-être contribué à sa réticence à partager son travail.
- Redécouverte : La découverte de son travail par sa fille a permis de préserver et de partager un témoignage photographique important de la vie soviétique, révélant le talent d’une artiste qui est restée dans l’ombre pendant des décennies.
Cette histoire remarquable montre comment un trésor artistique peut rester caché pendant des années avant d’être finalement découvert et apprécié par le monde entier.
18 ans après sa disparition, la fille de Masha Ivashintsova publie pour la première fois quelques-uns des clichés d’une incroyable collection qui a été découverte par hasard.
Masha est née dans une famille aristocratique dont les biens, y compris un luxueux appartement dans le centre de Saint-Pétersbourg, ont été saisis par les autorités après la Révolution russe de 1917.
Sa fille Asya Ivashintsova-Melkumyan raconte :
« Bien sûr, depuis le début je savais que ma mère prenait des photos. Ce qui est frappant, c’est qu’elle n’a jamais partagé ses œuvres avec personne, même pas sa famille.
Elle accumulait ses pellicules dans le grenier et les développait rarement, de sorte que personne n’a jamais pu apprécier les fruits de sa passion. Ces films sont restés dans le grenier de notre maison à Pouchkine jusqu’à récemment. Jusqu’à ce que mon mari et moi les découvrions (des photographies prises entre 1960 et 1999) et en développions quelques-uns. Ce que nous avons vu était stupéfiant.
Ma mère était très engagée dans le mouvement clandestin du Leningrad des années 1960-80. Elle a été amoureuse de trois génies de l’époque : le photographe Boris Smelov, le poète Viktor Krivulin et le linguiste Melvar Melkumyan, qui est aussi mon père. Son amour pour ces trois hommes, qui ne pouvait pas être plus différent, a défini sa vie, l’a consumée mais aussi déchirée. Elle croyait sincèrement qu’elle faisait pâle figure à côté d’eux et n’a donc jamais montré ses œuvres photographiques à qui que ce soit de son vivant. Comme elle l’écrivait dans son journal intime ! « Je n’ai jamais eu de souvenir pour moi, mais toujours pour les autres. »
Profondément malheureuse après des années passées dans des conditions éprouvantes dans plusieurs hôpitaux psychiatriques alors que le régime soviétique cherchait à uniformiser les gens et à les forcer à vivre selon les règles communistes, ma mère est morte dans mes bras en l’an 2000 à l’âge de 58 ans après une bataille contre le cancer.
Je considère ma mère comme un génie, mais elle ne s’est jamais perçue comme telle et n’a jamais laissé personne d’autre la voir pour ce qu’elle était vraiment. »
Moscou, URSS, 1987
© Masha_Ivashintsova
Leningrad, URSS, 1979
© Masha_Ivashintsova
Autoportrait
Photos © Masha Ivashintsova
Masha a vécu une histoire aussi passionnée qu’intrigante. Elle a été amoureuse de trois artistes talentueux de son époque : le photographe Boris Smelov, le poète Viktor Krivulin et le linguiste Melvar Melkumyan. Sa vie a été marquée par ces trois relations, et elle s’est souvent sentie dépourvue de talent, voire insignifiante à leurs yeux.
Ce sentiment d’infériorité l’a amenée à ne jamais partager ses œuvres poétiques ni ses photographies. Issue d’une famille aristocratique qui a tout perdu après la révolution bolchevique, son parcours est empreint de zones d’ombre, révélant une existence difficile. Elle a également séjourné dans plusieurs hôpitaux psychiatriques, alors que le régime soviétique imposait des normes strictes à la population.
Afin de faire connaître et valoriser l’incroyable œuvre de sa mère, Asya a décidé de lui dédier un site internet et une page instagram (plus accessible).
Via : Petapixel.com