Il s’appelait Gaspard Félix Tournachon mais il préférait qu’on le surnomme Nadar. Même si l’histoire l’a un peu oublié, il fut immensément influent et célèbre en son temps. En se penchant un peu plus sur son histoire, on découvre un personnage hors du commun par sa taille, son énergie, sa curiosité et la sympathie qu’il inspirait à ses contemporains.
Nadar a immortalisé le monde des arts et des lettres du XIXe siècle : George Sand, Charles Baudelaire, Alexandre Dumas, Sarah Bernhardt, Gioachino Rossini, Eugène Delacroix, Victor Hugo… pour ne citer qu’eux car la liste est longue. Ce portraitiste de génie a joué un rôle déterminant dans la postérité de ses contemporains. Ses portraits ont façonné notre mémoire collective. Il demeure le premier grand portraitiste de la photo et le premier « faiseur de célébrités » du monde moderne.
Né le 5 ou 6 avril 1820, Nadar se définit lui même comme « un vrai casse-cou, un touche-à-tout, mal élevé jusqu’à appeler les choses par leur nom, et les gens aussi ». Il débute comme caricaturiste pour de petits journaux illustrés. En 1851, Nadar projette de réunir plus d’un millier de célébrités de l’époque sur quatre planches lithographiques, le Panthéon Nadar. En février 1854 paraît la première et unique planche. Le projet, trop onéreux, est un échec commercial. Qu’importe. Ce Panthéon inachevé fera sa renommée.
Lorsqu’il se lance dans la photographie, une invention récente alors en plein développement, c’est tout le monde des arts, des lettres, de la presse qui pose dans son atelier de la rue Saint Lazare.
Malgré le succès de son atelier qui perdure jusqu’au milieu du XXe siècle avec son fils Paul, bien vite la photographie ne lui suffit plus. Il se lance avec passion dans quelques-unes des grandes aventures de son siècle : l’aérostation ou les usages de l’électricité et s’intéresse à toutes les inventions de son temps. Ce n’est pas un hasard si Jules Verne le prend pour modèle pour le personnage principal de son ouvrage « De la Terre à la Lune » : le capitaine Michel Ardan (Ardan est l’anagramme de Nadar). Fervent républicain, il n’en oublie pas de combattre toutes les injustices dans les journaux où il écrit jusqu’à sa mort en 1910 à l’âge respectable de 89 ans.
Acquises par l’État en 1950, ses photographies, ses archives et sa correspondance sont conservées dans les collections publiques françaises, dont la Bibliothèque nationale de France.
2020 marque les 200 ans de la naissance de Nadar
A l’occasion du 200e anniversaire de sa naissance, la Poste émet le 6 avril 2020 un bloc de timbres, illustré par les autoportraits du photographe. Le bloc se compose de 4 timbres et 8 vignettes qui permettent de réaliser un folioscope.
Pour le commander, rendez-vous dans certains bureaux de poste, à la boutique « Le Carré d’Encre », sur le site Internet www.laposte.fr/boutique, par abonnement ou par correspondance à Phil@poste Service Clients Z.I Avenue Benoît Frachon, BP 10106 Boulazac, 24051 PÉRIGUEUX CEDEX 09, par téléphone au 05 53 03 17 44.
Cinq anecdotes sur Nadar
Son surnom : ses amis avaient pour habitude de le surnommer Tournadar car il avait une disposition à ajouter à la fin de chaque mot la terminaison « dar » comme dans le javanais ou le louchebem. De ce surnom naitra son pseudonyme Nadar, d’abord avec un « d » à la fin et ensuite sans.
Ses nombreux talents : Même s’il doit son immense célébrité à son art sublime du portrait photographique qu’il pratiqua intensivement entre 1854 et 1860. Il exerça d’autres talents comme ceux d’écrivain, de journaliste, de critique d’art, d’essayiste, d’auteur, de caricaturiste, mais aussi d’inventeur en matière d’éclairage artificiel et de prises de vue aérienne et aussi d’aéronautique.
Une histoire familiale, pas un mes trois Nadar : Félix Nadar (1820-1910), son frère Adrien Tournachon (1825-1903) et son fils Paul Nadar (1856-1939) furent tout à la fois photographes, peintres, dessinateurs et inventeurs.
Le flash au magnésium : il expérimenta l’éclairage à la poudre de magnésium. Conscient de la portée de son invention, il déposa en février 1861 le brevet de photographie à l’éclairage artificiel lui permettant de photographier la nuit. Ainsi, il put réaliser pour la première fois la photographie des sous-sols de Paris.
Il est l’auteur de la toute première photo de la terre vue du ciel. Ce cliché aujourd’hui disparu a été réalisé à bord d’une montgolfière au dessus de la vallée de la Bièvre, dans l’Essonne. Des années seront nécessaires au génial inventeur pour améliorer la qualité de ses clichés aériens.
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